Histoire et Patrimoine de Corancy

Les photos familiales enrichissent la connaissance de l'histoire de Corancy. 

L’église Saint Euphrone.

Monsieur le professeur Paris a longtemps fait des recherches sur l'histoire de notre église. Il nous a laissé de nombreux textes.
La lecture de l’église, son histoire, renseignent sur l’histoire du village.
Les informations concernant l’église du village proviennent des textes écrits par monsieur Paris mais aussi des écrits de J.F. Baudiau(1), curé de Dun les Places en 1844. Jacques-Felix Baudiau, né en 1809 à Planchez, passionné d’histoire et de géographie a écrit de nombreux ouvrages sur le Morvan, alors orthographié Morvand. Dans son ouvrage « Le Morvand ou essai géographique, topographique et historique », l’histoire de Corancy y est largement renseignée.
Ainsi notre église est certainement une des plus anciennes paroisses du Morvan, construite au 12 ème siècle (1115 ?). C’est dans la période de christianisation du Morvan que les églises furent érigées en lieux et places des cultes passés. « Ils abattirent les arbres sacrés, renversèrent les dolmens les plus vénérés, et souvent construisirent à leur place, comme au Beuvray, à Dunles-Places, à Alligny, à Saint-Germain-de-Modéon, à Ouroux, à Corancy, à Château- Chinon, des chapelles qu'ils placèrent sous le vocable de saints, dont le nom ou les actes présentaient des rapprochements avec le culte détrôné » nous dit l’abbé Baudiau. Après la grande dépression du Haut Moyen-Age qui a succédé à la prospérité gallo-romaine,le Morvan restait peu habité. Dans le cadre de l’expansion démographique de l’an mil, de l’implantation sur le territoire de seigneurs laïcs et ecclésiastiques, il est fait appel à une main d’œuvre importante qui a participé à la création du paysage tel qu’on le connait actuellement : petits bourgs, hameaux et villages dispersés. Les églises succèdent aux chapelles modestes. Le patronage de la paroisse revient à Saint Euphrône, évêque d’Autun du 5ème siècle. L’avant chœur à la base du clocher est celui de l’édifice d’origine.

 (1) J.F.Baudiau, 2ème édition, tome 1, 1867, Imprimerie De Fay père et fils, Nevers.

La reconstruction, attestée par des éléments des 15ème et 16ème siècles, décile des destructions imputables aux guerres. Pendant la guerre de 100 ans, le Morvan est coincé dans les violences qui opposent la France de Charles VII à l’ouest, la France anglaise au Nord et la Bourgogne alliée aux anglais à l’est. Chateau-Chinon est assiégée en 1412 et jusqu’à la fin du 15ème siècle des sièges et embrasements locaux participent aux violences territoriales.
On relève cependant différents vestiges des constructions qui se sont succédées dans l’église :
Moulures et nervures du chœur qui datent de la fin du XV ème
Nervures et culots de la sacristie, début du XVI ème
Le clocher, début du XVI ème
Le portail occidental, fin du XVIème 
Maître autel date de 1858 et les vitraux réalisés à Tours de 1859.

En l’état l’église lieu de culte est aussi un lieu de réunion pour la communauté villageoise, lieu de vote au moment de la convocation des Etats Généraux, lieu de lecture au prône des décisions de l’administration royale.
Plusieurs peintures murales découvertes lors d’un sondage du plâtre révèlent les empreintes de la vie locale :
*Dans la chapelle des Fonts et dans le chœur, une litre funéraire aux armes du marquis de la Tournelle, sans doute du début du XVIII, entre les dates extrêmes du marquisat, 1681 à 1740.
*Sur les hauts murs du chœur, datant du XVII, des apôtres sont peint sur fond jaune dans des niches architecturées rouges, à la façon des manuscrits du début du XVI, dispositif unique en Bourgogne. On peut identifier Saint Pierre, Saint Paul, sur le mur nord Saint Philippe avec sa longue croix et Saint André ; sur le mur sud, Saint Thomas avec son équerre d’architecte.
Une restauration entreprise en 2010 a permis de mettre à jour, sur le mur est deux scènes, l’une avec un évêque (Saint Euphrône ?), l’autre avec le Christ, et réalisées avant fin XVII.
La restauration se poursuit grâce à l’investissement associatif de la Sauvegarde de l’église.


La chapelle de Faubouloin

Haut lieu traditionnel en Morvan

Avec son site, sa chapelle, son pèlerinage et ses coutumes, Faubouloin est sur la commune de Corancy, un haut lieu en Morvan, par l’ancienneté et la permanence de son renom.

La Chapelle
Perdue au milieu des bois, dans un cadre forestier impressionnant qui domine une vallée sauvage, la chapelle se dresse sur un éperon granitique à plus de 500 m d’altitude. Elle domine la vallée de l’Oussière, rivière qui réunit deux ruisseaux : la Montagne et la Reinache. Juste en face, sur la commune de Lavault de Fretoy, s’étend un retranchement d’époque celtique, l’éperon barré de Verdun. La chapelle surgit au bout des chemins y arrivant, orientée nord-est sud-ouest, et mesure 20 mètres de long et presque 7 mètres de large. Élégante. Le clocheton domine le toit à deux pans recouvert d’ardoises. Bâtiment à vocation religieuse dans un environnement mystérieux et inattendu.

Si l’extérieur est régulier et sobre, il dissimule des différences évidentes à l’intérieur. Le secteur nord-est, qui englobe l’autel long de 6,5 mètres, est constitué de murs épais d’un mètre avec un léger rentrant interne qui signe une séparation du reste de l’édifice. Il constitue certainement la partie la plus ancienne de la chapelle. Sur la face Est, une petite fenêtre et une poste latérale en plein cintre avec encadrement de granit, largement en usage dans la région. Le reste du bâtiment est de mur épais de 60 centimètres environ, avec sur chaque côté une fenêtre plus simple, et au sud-ouest, la porte principale également en plein cintre. Elle porte date de 1558 et fixe un remaniement important à cette époque. La chapelle a connu de nombreux remaniements. Une fenêtre murée dans le chevet, derrière l’autel. Même si la chapelle est très antérieure à l’érection du marquisat de la Tournelle en 1680, il est possible que ce fut l’occasion de restaurer ou d’installer le clocheton qui représentait alors le cinquième clocher du marquisat. Dans sa monographie, Jean Simon assure qu’en 1856 l’intérieur de la chapelle n’était pas pavé. Il fixe à 1881 le pavage et la réfection de la toiture. A l’entrée de la nef, vers le chœur, une dalle ressemble à une ancienne pierre d’autel. Un enduit de plâtre assure le plafond. Au-dessus de l’autel, une statue polychrome de Notre Dame.

Autour de la chapelle, c’est le site immédiat avec les deux antiques tilleuls qui a été inscrit à l’inventaire en 1943. Mais la dévotion et le rituel s’attachent traditionnellement aux trois fontaines célèbres : Sainte Marie ou Notre Dame, Sainte Marguerite et du Frêne. Les témoignages écrits ou oraux entremêlent leurs vertus respectives et les pratiques. A Sainte Marie, dans la pente proche de la chapelle, les mères d’enfants malades consultaient l’oracle. Si le petit vêtement jeté à l’eau -bonnet, chemise…- surnageait, la guérison était proche ; s’il coulait, il annonçait une mort rapide. Les femmes sollicitaient également la protection des animaux domestiques par de modestes offrandes : gâteaux de cire et de miel, pour rappeler les abeilles en fuite, un peu de laine pour protéger les ouailles de leurs maux. A Sainte Marguerite, on attribue à peu près les mêmes vertus pour guérir les animaux. D’une manière générale, la Sainte passait aussi pour assurer une heureuse délivrance aux femmes enceintes.

La fontaine du Frêne semble avoir été la plus efficace dans ses vertus et les croyances qui y sont rattachées remontent certainement aux croyances celtiques, avec le culte de l’eau, de l’arbre et de la pierre. 


Elle doit guérir toutes les maladies, garantit le mariage pour les filles et la fécondité pour les femmes. Il suffirait de boire son eau et de planter une épingle ou même une feuille de houx, parfois un clou dans le frêne.


Lors de calamités climatiques- sécheresse ou excès d’eau, on venait en pèlerinage demander un changement.



Origine, légendes et audience

Le rituel et le culte pré chrétien sont issus de l’ère celtique, lentement christianisé, ce qui valu des doubles noms au lieu : Notre Dame de Grâce de Faubouloin, puis Notre Dame de Faubouloin. De nombreuses légendes sont adossées au site et à la chapelle. Outre l’âne de Saint Martin qui aurait bondi du sommet du mont Fromage jusqu’au milieu de l’oppidum de Verdun, juste en face, nous retrouvons les thèmes classiques de l’édification de la chapelle. De nombreuses versions de la découverte de la statue de Notre Dame dans l’arbre sacré.

On vient de très loin en pèlerinage sur ce site qui fut longtemps l’un des grands sanctuaires régionaux. Longtemps le jour de la nativité de Notre Dame, le 8 septembre, les pélerins venaient passer la journée à Faubouloin où la messe puis les vêpres étaient célébrées, y compris en plein air puisque le bâtiment ne pouvait accueillir tout le monde.
Aujourd’hui le pèlerinage a lieu le 15 Août, jour de l’Assomption. Se mélangent alors rituels religieux et conviviaux ; les antiques croyances ne sont pas loin…

La chapelle, longtemps propriété des descendants du dernier propriétaire du marquisat de la Tournelle, l’Intendant de Moulins, Foulon de Doué, est passée par don en 1986, à la commune de Corancy. Elle bénéficie de l’attention de la municipalité et de ses habitants avec l’appui d’une association de sauvegarde.

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